Originaire de Saint-Malo, l’écrivaine Véronique David Martin s’est installée en Angleterre à l’âge de 26 ans. Dans ses récits, elle fait cohabiter toutes les influences issues de cette double culture. Portrait de la plus britannique des romancières malouines…
Véronique David naît en 1964 à Saint-Servan. Son enfance est marquée par les milliers d’histoires qui rythment son quotidien et qu’elle absorbe comme une éponge, des histoires qui l’entraîneront doucement mais sûrement vers l’activité qu’elle exerce aujourd’hui à plein temps : l’écriture… Petite-fille de l’un des frères Cotteret, elle est bercée dès son plus jeune âge par le récit des exploits de ses grands-oncles : Henri, Compagnon de la Libération ; Louis, volontaire des Forces Françaises Libres ; Marcel, chef d’un réseau de résistance, qui fut arrêté, torturé et fusillé en 1943 par la Gestapo au Mont-Valérien. Lectrice précoce, elle s’immerge très tôt dans les contes et légendes de sa Bretagne natale : les Fées et les Druides lui ouvrent les portes d’un monde imaginaire vers lequel elle aime s’évader. En 1972, son institutrice lui fait découvrir l’œuvre de C.S. Lewis, l’auteur du Monde de Narnia. Véronique qui n’a encore que huit ans se passionne pour l’univers fantastique de cet écrivain britannique qui deviendra l’une de ses principales sources d’inspiration.
Son désir de raconter à son tour des histoires s’affirme dès l’adolescence, mais elle donne la priorité à ses études. En 1983, elle entame un cursus d’anglais à l’Université de Grenoble. En 1984, elle part étudier en Ecosse dans le cadre du programme Erasmus qui vient tout juste de démarrer. Rapidement conquise par la Grande-Bretagne, la Malouine décide de continuer sa route outre-Manche. En 1990, elle épouse Miles, un jeune Anglais qui porte le plus français des noms de famille britanniques : Martin. Véronique David devient Véronique David-Martin. Les jeunes mariés s’installent au sud de l’Angleterre, du côté de Bath.
Véronique, qui exerce la profession d’enseignante, commence à écrire des nouvelles, des romans et des livres pour enfants. Dans ses œuvres, elle fait cohabiter l’ensemble des influences qui composent son ADN littéraire : les récits de guerre, les romans de Charles Dickens et ceux de Victor Hugo, les légendes celtes, l’Heroic Fantasy de C.S. Lewis, les contes du poète écossais James Hogg. Le mélange surprenant de ces styles littéraires donne un résultat intrigant, que l’auteur assume pleinement, mais qui déroute les premières maisons d’édition qu’elle contacte. « Ne rentre dans aucune case », « Ecriture bizarre », telles sont les réponses qu’elle reçoit en retour. Elle persévère malgré tout et finit par attirer l’attention de l’éditeur malouin Pascal Galodé, réputé pour son anticonformisme. En 2012, ce découvreur de talents lui donne la possibilité de publier en France son roman La Marque de l’Orage, premier tome d’une trilogie intitulée Les Maîtres de l’Orage.
Les couvertures des deux premiers tomes de la trilogie Les Maîtres de l’Orage de Véronique David-Martin.
Situé sur une île bretonne lors de la Seconde Guerre mondiale, La Marque de l’Orage suit le parcours de Maïwen, jeune fille « écartelée entre un monde imaginaire troublant et un monde réel en désarroi ». Comme la série des Harry Potter à laquelle on le compare souvent, le roman offre au lecteur une intrigue riche en rebondissements et le plonge dans une atmosphère imprégnée de magie. Mais, plus qu’un simple roman d’aventures, La Marque de l’Orage invite également à la réflexion : Véronique David-Martin met à profit son histoire pour aborder différents thèmes qui lui tiennent à cœur, tels que les racines du mal et la dualité de l’homme tiraillé entre l’ombre et la lumière. Le fantastique y est utilisé à bon escient, notamment pour « traduire la complexité visible et invisible de notre monde et de nous-mêmes ». Ainsi doté de plusieurs niveaux de lecture, le roman trouve aussi bien écho auprès d’un public adolescent que d’un public adulte… En juin 2013, la romancière vient présenter le deuxième tome de la trilogie, Le Vertige du Rhombus, lors du festival Etonnants Voyageurs qui se tient à Saint-Malo.
Curieuse de nature, avide de nouvelles expériences, Véronique David Martin a également pris l’habitude de sortir de sa sphère littéraire pour tenter sa chance dans d’autres domaines d’activité. Grande amoureuse du 7e art, elle écrit des critiques de film sur différents blogs et publie des articles sur l’industrie du cinéma. En 2008, elle signe le scénario d’une comédie romantique avec un ami réalisateur. Passionnée de musique, elle écrit des paroles de chansons pour des groupes proches de son univers, tels que The Signal, formation trip hop originaire de Bristol, la ville voisine. Installée en Angleterre depuis plus de 20 ans, la romancière ne regrette pas d’avoir adopté ce pays où les frontières entre les genres artistiques sont moins marquées qu’en France.
Dorénavant britannique jusqu’au bout des ongles, Véronique David-Martin n’en a pas pour autant oublié sa terre natale. La Bretagne reste au cœur de ses préoccupations et occupe une place centrale dans ses livres. Elle pourrait se définir tel que le fait Yann Queffelec dans un entretien récent : « Je me sens comme un morceau de Bretagne. Je suis non seulement Breton, mais je suis aussi une Bretagne portative, individuelle, nomade, qui se balade à travers le monde et n’hésite pas à dire d’où elle vient ».