Il y a 30 ans, la Chasse aux trésors à Saint-Malo

Il y a 30 ans, l’équipe de production du jeu télévisé La Chasse aux trésors s’installait à Saint-Malo, le jardin d’enfants de l’explorateur vedette, Philippe de Dieuleveult.

1983. L’équipe du jeu télévisé La Chasse aux trésors s’apprête à tourner un nouveau numéro à Saint-Malo. Pour Philippe de Dieuleveult, le célèbre globe-trotter à la combinaison rouge, le lieu choisi pour la nouvelle émission en préparation n’a rien d’anodin. Originaire du pays malouin, l’explorateur a passé une grande partie de son enfance au pied des remparts de la Cité corsaire. Dès que sonnait l’heure des vacances scolaires, le jeune Philippe et ses deux grands frères quittaient Viroflay, leur lieu de résidence principale (à proximité de Versailles), pour mettre le cap sur Saint-Malo où les attendait Andrée, la grand-mère maternelle, qui leur ouvrait grand les portes de sa maison. Avec leurs copains malouins, les frères de Dieuleveult ont « exploré » tous les recoins de Saint-Malo. Grandes balades à vélo dans l’arrière-pays, baignades, promenades sur la côte, telles étaient les distractions habituelles du petit groupe d’amis. Saint-Malo, c’est également la ville où Philippe a fait la connaissance de sa future femme, Diane de Torquat. La jeune fille qui habitait à quelques pas de la maison de la grand-mère faisait partie de la bande de copains. Philippe lui a déclaré sa flamme en 1967. Ils se sont mariés dans la cour du Château dix ans plus tard. On l’aura compris, la ville de Saint-Malo a occupé une place importante dans la vie de l’explorateur : « Saint-Malo, c’était la base arrière, le monde du jeu et de la joie, le refuge amical où tu venais refaire tes forces… », écrivait Diane de Torquat dans son livre-hommage, Philippe, publié en 1986. Pour la star du petit écran, il aurait été inconcevable que l’émission La Chasse aux trésors ne fasse pas escale dans cette ville où il s’était fabriqué quantité de souvenirs d’enfance. Le projet va se concrétiser au début de l’année 1983 suite à la rencontre entre Philippe de Dieuleveult et le pilote d’hélicoptère Jean Thomas, pendant l’enregistrement d’une émission à la Napoule, près de Cannes. Le pilote raconte : « Lors du dîner qui a suivi ce tournage (…) nous avons beaucoup parlé de Saint-Malo où nous avons passé notre jeunesse, et nous nous sommes rendus compte que nos parents, originaires du Minihic, se connaissaient. Philippe a donc suggéré aux producteurs qu’ils imaginent une émission à Saint-Malo, dans laquelle je serai le pilote, pour que cela se passe « entre Malouins «  »

PHILIPPE DE DIEULEVEULT, STAR DU PETIT ÉCRAN

Lorsque les équipes de production se déploient à Saint-Malo à la fin de l’année 1983, l’émission La Chasse aux trésors a déjà deux ans d’existence et une quarantaine de numéros au compteur. Elle remporte d’énormes succès d’audience, en grande partie grâce au charisme de son personnage central, Philippe de Dieuleveult, que l’on surnomme à l’époque le « Tintin des temps modernes ». Généreux, faisant toujours preuve d’une grande gentillesse, n’hésitant pas à prendre des risques pour faire gagner les candidats, il est très apprécié des téléspectateurs qui plébiscitent le programme diffusé sur Antenne 2. Ce que le public français ignore généralement, c’est que le jeu télévisé est une coproduction internationale et que les émissions sont déclinées en plusieurs versions, avec dans chacun des cas un « explorateur » différent. A Saint-Malo, deux versions sont prévues : la première pour la France, avec Philippe de Dieuleveult, et la deuxième pour l’Espagne, avec une vedette de la télévision espagnole, Miguel de la Quadra Salcedo, dans le rôle de l’aventurier (et Philippe de Dieuleveult derrière la caméra !). Comme nous allons le voir, les péripéties rencontrées le premier jour, lors du tournage de la version française, vont contraindre les organisateurs à changer le programme de la version espagnole.

La première énigme de l’émission va entraîner Philippe de Dieuleveult et son équipe dans la cour du Château de Saint-Malo.

L’enregistrement de l’émission française débute aux alentours de 9 h le 27 septembre 1983. En guise d’introduction, l’hélicoptère piloté par Jean Thomas vient se poser en douceur sur la plate-forme attenante au barrage de la Rance. En studio, le présentateur Dider Lecat lit la première énigme aux candidats : « Extrait du journal de bord de Jacques Cartier : 23 mai, je descends quelques marches pour rejoindre ma chaloupe. 24 mai, j’ai un relevé à effectuer, il me manque mon sablier, je dois l’avoir perdu lors de l’embarquement. » Les candidats comprennent rapidement qu’ils doivent retrouver le sablier utilisé par Jacques Cartier sur le lieu où il s’est embarqué pour sa deuxième expédition au Canada. Se laissant porter par leur instinct, ils envoient Philippe de Dieuleveult vers le Château de Saint-Malo avec l’espoir qu’un Malouin pourra le guider vers le lieu exact du départ de l’expédition. Quelques minutes plus tard, l’hélicoptère se pose dans la cour du Château. Philippe de Dieuleveult descend et interroge le gardien du site. Celui-ci fait comprendre à l’aventurier qu’il est sur une mauvaise piste : en raison de problèmes de marée, Jacques Cartier n’est pas parti du port de Saint-Malo, mais de l’embarcadère situé au pied de la Tour Solidor à Saint-Servan, la localité voisine. Philippe de Dieuleveult remonte en hâte à bord de l’hélico qui repart en trombes. Les candidats ont perdu de précieuses minutes, mais ils sont maintenant sur la bonne voie. Bientôt, la Tour Solidor apparaît en vue. Une fois à terre, l’aventurier explore les alentours et retrouve les marches taillées dans le roc que Jacques Cartier a descendues pour s’embarquer à bord de la Grande Hermine. Il cherche le fameux trésor et finit par l’apercevoir au milieu des rochers. Il s’en empare et fait arrêter le chronomètre. C’est alors que se produit un incident extrêmement rare dans l’histoire de l’émission : Philippe de Dieuleveult perd l’équilibre et fracasse le sablier contre le rocher auquel il tente de se retenir. Le trésor se retrouve en mille morceaux. Comme on le constate sur les images (voir la vidéo ci-dessous), l’explorateur est extrêmement ennuyé par ce qui vient de se produire : « Je suis un peu confus, j’espère que ce n’était pas une pièce de musée ! » s’exclame-t-il, la mine défaite. Depuis le studio, l’animateur Didier Lecat enfonce le clou : « Aïe, aïe aïe, c’était une pièce unique ! ». Effectivement, même s’il n’avait jamais été utilisé par Jacques Cartier, le sablier datait de l’époque du navigateur et figurait au catalogue du Musée de Saint-Malo. Pour éviter que l’incident ne se reproduise le lendemain, lors du tournage de la version espagnole, les organisateurs décideront de modifier l’énigme, remplaçant le sablier par une épée en acier.

UN EXPLOIT EN PLEIN CIEL

A peine remis de ses émotions, Philippe de Dieuleveult doit remonter à bord de l’hélicoptère pour s’attaquer à l’énigme suivante. Lors de cette deuxième épreuve, le globe-trotter réalise un exploit qui restera dans les annales de l’émission : il saute de l’hélicoptère en parachute pour récupérer le deuxième trésor, un « relais » que va lui remettre un autre parachutiste largué quant à lui d’un petit avion de tourisme. La personne que Philippe de Dieuleveult retrouve ainsi à plus de 1 000 m du sol ne lui est pas inconnue : il s’agit de Benoît Claire, un vieil ami dont il a fait la connaissance dix ans plus tôt dans une école… de parachutisme. Ce rendez-vous en plein ciel a lieu au-dessus de la plage de Saint-Benoît des Ondes. La descente en chute libre de Philippe de Dieuleveult et le « passage de relais » sont filmés grâce à une caméra portative posée sur le casque de Benoît Claire. Ce dernier expliquera plus tard que si la séquence paraissait spontanée et improvisée à l’écran, elle avait été heureusement préparée et répétée avec le plus grand soin quelques jours plus tôt !

 

Un exploit en plein ciel

Philippe de Dieuleveult lors de la répétition de la séquence du saut en parachute.

Nouvel incident

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetuer adipiscing elit, sed diam nonummy nibh A l’issue de cette jolie séquence, un nouvel incident se produit : en se posant au sol, Philippe de Dieuleveult casse l’antenne relais qui lui permet de communiquer avec le studio. L’enregistrement de l’émission est interrompu le temps que l’explorateur retourne à l’aérodrome et qu’on lui répare son équipement. Deux heures plus tard, l’émission peut enfin reprendre. Après les différents coups du sort dont il a été victime et les différents exploits sportifs qu’il a dû accomplir, la troisième et dernière épreuve de l’émission est de tout repos pour l’explorateur vedette. Elle le conduit au Mont-Saint-Michel où il doit mettre la main sur une clé dissimulée dans un mâchicoulis, ce qu’il parvient à faire avant la fin du temps imparti. Grâce à Philippe de Dieuleveult, les candidats ont remporté les trois épreuves. Ils repartent avec la somme de 23 000 francs.

L’émission La Chasse aux trésors enregistrée à Saint-Malo est diffusée quelques mois plus tard, le 18 mars 1984, en première partie de soirée. Cette même année, Philippe de Dieuleveult publie son autobiographie, J’ai du ciel bleu dans mon passeport. Dans ce livre qui va devenir rapidement un best-seller, l’explorateur-animateur évoque à plusieurs reprises cette émission tournée dans son « jardin d’enfants », et notamment le saut en chute libre au-dessus de Saint-Benoît des Ondes, qui l’a visiblement marqué. Lorsqu’il vient à Saint-Malo pour une séance de dédicaces, c’est la Librairie du Môle qui a le privilège de l’accueillir. 30 ans plus tard, Jean-Louis Duquesnoy, gérant de cette librairie, s’en souvient encore !

Un grand merci à M. Roland Mazurié des Garennes pour sa collaboration. Conseiller historique lors de la préparation de l’émission La Chasse aux trésors à Saint-Malo, M. Mazurié des Garennes a notamment rédigé la première énigme, Le sablier de Jacques Cartier. C’est à lui que nous devons la plupart des photos utilisées dans cet article.

L’ALBUM SOUVENIRS

La Chasse aux trésors à Saint-Malo, en images.

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