L’échaugette, des formes douces dans un monde de granit

En embrassant la ville fortifiée du regard, le promeneur ne peut qu’être séduit par ces tourelles suspendues dans le vide, arrimées à l’angle des remparts et surmontées d’une délicate fleur de lys. Les échauguettes agrémentent aujourd’hui l’incontournable tour des remparts. Les enfants se plaisent à s’y cacher, les visiteurs ne manquent pas d’aller scruter les flots ou de photographier le ballet incessant des navires depuis l’une des meurtrières.

Ces tours, par leurs lignes courbes, apportent une touche féminine aux abrupts remparts taillés dans le roc. Leurs qualités ornementales sont indéniables. Mais revenons à leur fonction première : la défense. Imaginons un instant la sentinelle qui monte le guet alors que dehors le vent mugit. L’étroite tour, dotée de meurtrières, qui fait saillie sur le rempart offrait une vue imprenable sur les alentours. L’arrondi permettait de mieux faire ricocher les projectiles. Comme nous l’apprend une visite du Fort national, l’échauguette pouvait en outre être démontée. Talon d’Achille des épaisses murailles, elle était constituée de pierres non scellées, qui étaient démantelées en cas d’attaque. Les lourds blocs de granit servaient alors à obstruer l’entrée de la citadelle aux attaquants. Que d’ingéniosité dans cet ornement !

Alors, lors d’une partie de cache-cache en famille, je ne peux retenir un frisson en entrant dans l’échauguette et en repensant aux interminables heures passées par les sentinelles transies à scruter l’horizon, dans leur guérite suspendue dans le vide, au milieu du fracas des vagues et du hurlement du vent.

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